"La situation est dramatique et risque de grever l'avenir de nombreuses exploitations", affirme Jérôme Despey, viticulteur de 34 ans dans l'Hérault.
"Avec la poursuite de la canicule, la sécheresse va s'accentuer et nous n'aurons pas de repousse d'herbe pour faire pâturer les bêtes cet automne", souligne M. Despey, organisateur en juin à Paris du premier congrès mondial des jeunes agriculteurs. De nombreux animaux, notamment les poulets, meurent du fait de la canicule. Les agriculteurs ont du mal à faire transporter le fourrage des régions céréalières vers les régions déficitaires. Le président des JA envisage même de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) au sujet des prix pratiqués par les transporteurs routiers qui, selon lui, relèvent de la "spéculation". C'est pourquoi M. Despey, qui chiffre à plus de 100 millions d'euros le coût de la sécheresse, va réclamer au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, lors de la Conférence agricole du 22 août, la mobilisation de l'armée, comme pendant l'été 1976. Selon lui, les jeunes agriculteurs se voient actuellement refuser des prêts par les banques pour acheter du fourrage et sont tentés de vendre une partie de leurs troupeaux. "Le risque et l'inquiétude est de voir tomber le nombre d'exploitants agricoles de 600.000 à 300.000 en raison de la politique de plus en plus libérale pratiquée en France", affirme-t-il. Le nombre d'installations de jeunes agriculteurs --dont une Charte en 1995 avait fixé un objectif de 12.000 en 2005-- a chuté de 8/9.000 au milieu des années 90 à moins de 6.000 aujourd'hui. "Il y a environ une installation pour quatre départs, soit un taux de 25% de remplacement" souligne-t-il. Aussi, réclame-t-il, une "aide de trésorerie de 10.000 euros" pour chaque jeune agriculteur victime de la sécheresse. Jusqu'à présent l'Etat n'a rien fait d'exceptionnel, il n'a fait que son devoir. J'appelle le Premier ministre à répondre à la détresse des agriculteurs". Concernant le sommet de l'OMC à Cancun (Mexique) du 10 au 14 septembre, le présent des JA souhaite "qu'un mandat très ferme soit donné au commissaire européeen Pascal Lamy" pour que, en ce qui concerne les subventions agricoles, "on n'aille pas plus loin que ce qui a été décidé à Luxembourg" lors de la réforme de la PAC (Politique Agricole Commune). Enfin, un an après le blocage d'une centaine de centrales d'achat pendant trois jours, il "n'exclut pas des actions syndicales dans les enseignes commerciales qui ne jouent pas le jeu avec les agriculteurs, notamment dans le domaine des prix des fruits et des légumes". |